Elon Musk : la blockchain pour révolutionner la gestion des finances publiques
Depuis sa prise de fonction le 20 janvier 2025, Elon Musk, nommé à la tête du Department of Government Efficiency (DOGE) par Donald Trump, ne cesse de faire parler de lui.
Chargé de réduire les dépenses publiques fédérales américaines, estimées à 6 270 milliards de dollars en 2022, il mise sur une solution audacieuse : l’intégration de la blockchain dans l’administration publique. Si cette technologie est principalement connue pour son utilisation dans les cryptomonnaies comme le Bitcoin ou le Dogecoin, Musk voit en elle un outil capable de moderniser et de transformer radicalement la gestion des finances de l’État.
Le DOGE est une nouvelle structure gouvernementale créée par décret, dans le but de résoudre les problèmes d’inefficacité administrative et de limiter les abus budgétaires. Elon Musk, avec sa vision futuriste et son expertise technologique, semble prêt à relever ce défi titanesque en adoptant des approches inédites.
Une transparence sans précédent grâce à la blockchain
La blockchain est au cœur de la stratégie d’Elon Musk pour moderniser l’administration fédérale. Cette technologie, qui repose sur un registre décentralisé et infalsifiable, permet de suivre les transactions financières de manière transparente et sécurisée. Contrairement aux systèmes traditionnels, où les données peuvent être manipulées ou dissimulées, une blockchain publique rend chaque opération traçable et accessible à tous, éliminant ainsi les zones d’ombre.
Selon une source proche du projet, Musk prévoit d’utiliser la blockchain pour :
- Suivre en temps réel toutes les dépenses fédérales, des entrées fiscales aux paiements effectués par l’administration ;
- Sécuriser les données publiques pour éviter les fuites ou les manipulations ;
- Rationaliser les paiements entre les différentes agences gouvernementales et leurs prestataires ;
- Optimiser la gestion des infrastructures publiques comme les bâtiments administratifs.
Cette approche pourrait transformer l’administration en profondeur. En cas de succès, elle deviendrait une première mondiale, offrant un modèle pour d’autres nations confrontées à des problèmes similaires.
Mettre fin aux abus budgétaires : une priorité
La mise en œuvre de cette réforme intervient dans un contexte où les abus budgétaires de l’administration américaine sont régulièrement dénoncés.
Prenons l’exemple du Pentagone, l’un des départements les plus coûteux avec un budget annuel de 849,8 milliards de dollars en 2024. Depuis sept ans, il échoue systématiquement à faire approuver ses audits financiers, laissant des milliards de dollars non justifiés.
Des cas d’abus grotesques sont régulièrement dévoilés : certaines entreprises, bénéficiant d’appels d’offres publics, gonflent leurs prix de manière scandaleuse. Une corbeille à papier facturée 52 000 dollars est un exemple frappant de ce gaspillage de fonds publics.
En intégrant la blockchain, chaque dépense – qu’il s’agisse d’un achat de fournitures ou d’un investissement majeur – deviendrait immédiatement traçable. Cela limiterait considérablement les possibilités de fraude ou de mauvaise gestion. Les contribuables pourraient enfin savoir comment leurs impôts sont utilisés et exiger des comptes en cas de dérives.
Une technologie au service de la démocratie
L’utilisation de la blockchain dans la gestion publique ne se limite pas à la simple transparence. Elle incarne une vision plus large de la démocratie moderne.
La république, dont l’origine latine « res publica » signifie « la chose publique », repose sur des principes de transparence et d’accessibilité. Pourtant, dans nos sociétés contemporaines, où les structures gouvernementales sont de plus en plus complexes, ces principes sont souvent oubliés.
Grâce à ses propriétés uniques – immuabilité, sécurité et transparence –, la blockchain redonne vie à ces idéaux démocratiques. Les citoyens ne seraient plus des spectateurs passifs face à une administration opaque. Ils deviendraient des acteurs actifs, capables de surveiller et de comprendre les actions de leur gouvernement.
En France, bien que des propositions similaires aient été faites, leur application reste bloquée par des freins réglementaires. Une ordonnance de 1959 interdit, par exemple, de tracer les dépenses publiques.
Cependant, des initiatives comme le vote basé sur la blockchain, déjà exploré par certaines entreprises françaises, montrent que cette technologie pourrait un jour révolutionner les institutions publiques.
Un projet qui attire les regards, mais aussi les critiques
Le projet d’Elon Musk n’est pas sans controverses. Dès sa création, le Department of Government Efficiency a été critiqué pour son manque de transparence.
Plusieurs organisations, comme Citizens for Responsibility and Ethics, ont intenté des poursuites, accusant la structure de violer la Loi sur les comités consultatifs fédéraux. Ces critiques rappellent que la mise en place d’une réforme aussi ambitieuse ne se fera pas sans heurts.
D’autres observateurs s’interrogent sur la faisabilité technique et politique du projet. Rencontrer des représentants de blockchains publiques est une chose, mais intégrer ces technologies dans un système aussi vaste et complexe que l’administration fédérale américaine est un défi d’une tout autre ampleur.
Malgré les obstacles, l’idée d’Elon Musk d’intégrer la blockchain fait rêver. Si le DOGE parvient à démontrer que la blockchain peut réellement réduire les dépenses publiques et améliorer l’efficacité administrative, cela pourrait inspirer des gouvernements du monde entier.
Pour des pays comme la France, où les scandales liés à la mauvaise gestion des fonds publics sont récurrents, un tel exemple pourrait inciter à repenser les systèmes actuels. Toutefois, il reste encore du chemin à parcourir avant que des initiatives similaires soient adoptées à grande échelle en Europe.
Source : Reuters, Washington Post