Bitcoin : De monnaie légale à option volontaire ?
Selon le Financial Times, le Salvador serait sur le point de conclure un accord avec le FMI. Parmi les conditions exigées :
- La suppression de l’obligation légale pour les entreprises d’accepter le Bitcoin comme moyen de paiement.
- Le Bitcoin deviendrait une option volontaire, tout en restant une réserve stratégique pour le pays.
Cette concession vise à répondre aux inquiétudes du FMI concernant la stabilité financière. Depuis l’adoption du Bitcoin, l’institution n’a cessé de critiquer les risques liés à la volatilité de la cryptomonnaie et son impact sur la santé économique du Salvador.
Le FMI a notamment souligné que l’usage simultané du Bitcoin et du dollar pourrait détourner les ressources des ménages et entreprises vers des choix monétaires complexes, nuisant à l’activité productive.
Un compromis économique incontournable
Au-delà des ajustements concernant le Bitcoin, le FMI impose d’autres réformes économiques strictes :
- Réduction des déficits publics : L’objectif est de ramener le déficit budgétaire à 3,5 % du PIB en trois ans.
- Lutte contre la corruption : Une loi anticorruption figure parmi les engagements exigés.
- Stabilisation des finances publiques : Ces mesures visent à rassurer les investisseurs internationaux et à renforcer les réserves nationales, qui devraient passer de 11 à 15 milliards de dollars.
L’accord envisagé pourrait également permettre de débloquer 1 milliard de dollars supplémentaires de la Banque mondiale et 1 milliard de dollars de la Banque interaméricaine de développement.
Une relation ambivalente avec le Bitcoin
Malgré la pression internationale, le Bitcoin reste un pilier symbolique de la stratégie économique du président Nayib Bukele :
- Réserve stratégique : Depuis 2021, le Salvador a accumulé près de 6 000 BTC, une stratégie soutenue par des achats réguliers, parfois au rythme d’un Bitcoin par jour.
- Projets emblématiques : Des initiatives comme Bitcoin City, une ville alimentée par l’énergie géothermique, illustrent l’ambition de faire du Salvador un leader de l’économie numérique.
Cependant, sur le terrain, l’adoption par la population reste limitée. La majorité des Salvadoriens préfère utiliser le dollar pour les transactions quotidiennes, citant les frais de transaction élevés et une méconnaissance des technologies liées au Bitcoin.
Une stratégie critiquée, mais des résultats prometteurs
L’intégration du Bitcoin dans la trésorerie salvadorienne n’a pas été sans résultats :
Avec le rallye haussier du Bitcoin, qui a récemment franchi la barre des 100 000 dollars, les gains non réalisés du Salvador dépassent les 300 millions de dollars.
Les obligations souveraines du pays ont également bénéficié d’un regain de confiance des investisseurs, témoignant d’une certaine crédibilité retrouvée.
Cependant, la viabilité à long terme de cette stratégie dépendra de l’équilibre entre les ambitions crypto et les impératifs économiques traditionnels.
Un tournant stratégique pour le Salvador
La décision du gouvernement salvadorien, attendue dans les prochaines semaines, pourrait redéfinir le rôle du Bitcoin dans l’économie nationale :
Vers une adoption pragmatique : En rendant l’usage du Bitcoin volontaire, le Salvador pourrait apaiser les tensions avec les institutions internationales tout en maintenant une réserve stratégique en BTC.
Impact global : Ce compromis pourrait servir de modèle pour d’autres pays envisageant l’intégration des cryptomonnaies dans leur système financier.
L’ambition du Salvador de faire du Bitcoin un outil de souveraineté économique se heurte aux exigences d’un système financier global encore dominé par des institutions comme le FMI.
Si la décision de Nayib Bukele de céder partiellement à ces pressions peut sembler pragmatique, elle soulève une question cruciale : le Bitcoin peut-il réellement libérer les nations émergentes ou reste-t-il, pour l’instant, un complément stratégique dans un cadre financier traditionnel ?
Ce débat, au-delà des frontières salvadoriennes, marque une étape clé dans l’adoption institutionnelle des cryptomonnaies et reflète les tensions entre innovation et stabilité économique.
Sources : Financial Times